31 janv. 2017

Quand il fait nuit d'Akiko Miyakoshi. Syros, 2016

A l'heure où la nuit tombe, bien blotti dans les bras de maman, un petit lapin rentre chez lui. 
La tête posée sur l'épaule de sa mère, avant que ses yeux ne se ferment doucement, il observe...
Il observe, le temps d'une ballade nocturne et paisible, les commerçants qui ferment leur boutique ; il voit des personnes qui rentrent chez elles, il imagine des scénario  à travers les fenêtres illuminées , il devine des silhouettes qui se faufilent...
Comme tous les habitants de la ville, l'heure arrive alors de se glisser dans son lit, la tête pleine de rêves dans un profond état de quiétude.
La qualité du trait au fusain d' Akiko Miyakoshi donne tout son sens à cette histoire. Grâce à la finesse de ses illustrations, l'auteur maîtrise avec brio cette atmosphère de fin de journée, où le silence se fait et où la ville hésite entre ombre et lumière.

Une histoire à savourer juste avant de se coucher : remarquable !

Retrouvez l'avis
de ma copinaute Pépita


29 janv. 2017

Western girl d'Anne Percin. Le Rouergue, 2013

Les chevaux, la country, les  restaurants Buffalo Grill,  les chemises à franges, le middle west .. voilà ce qui fait vibrer Elise !
Un rêve qui devient réalité quand elle débarque pour 3 semaines d'été dans un ranch américain. Pleine d'envie et de plaisir, elle va pourtant vite déchanter quand elle va se frotter aux autres ados du groupe. Plutôt, enfants de bonne famille,"Les cons fédérés", comme elle les appelle, n'ont pas la même vision qu'elle et Elise va devenir leur souffre-douleur. 
Moqueries, humiliation, affront, ... elle ne va pas se laisser faire notre Calamity Jane bretonne ! Elle est plutôt sanguine et compte bien profiter de son séjour et ne rien changer à sa façon d'être.  Un de ses refuges ? Son journal intime a qui elle raconte  jour après jour ses petits bobos et ses sautes d'humeur.

Western girl ? Voilà les aventures cocasses d'une héroïne passionnée plutôt drôle et attachante.
Dommage, on la sent un peu moins confiante lors du dénouement final, un peu 'happy end", il faut dire...

Au final ? Un roman assez mordant qui nous embarque au triple galop dans un été mouvementé.

Retrouvez l'avis de 

26 janv. 2017

Brise glace de Jean-Philippe Blondel. Actes Sud, 2011

Sûrement le plus intime des romans de Jean-Philippe Blondel. Une lecture à fleur de peau où l'on sent en filigrane une douleur personnelle.

C'est l'histoire d'un terrible secret qui nécessite de déménager, d'un événement qu'Aurélien aimerait oublier, d'une culpabilité qui ne cesse de le ronger, de ses parents qu'il aimerait préserver, d'une douleur qu'il a du mal à cacher, d'une solitude choisie comme pour se protéger.

Et puis il y a Thibaut,  la construction de leur amitié toute en doute et en douceur, comme une main tendue qu'Aurélien saisit avec prudence.
Et puis il y a la découverte du slam qui permet de s'exprimer, de libérer les mots et de laisser couler la plaie.

Un récit dramatique ;  émotionnellement troublant et d'une intensité bouleversante. 
Peu importe la teneur du secret ; toute la force du récit demeure dans les états d'âme de ces ados finement exprimés par Jean-Philippe Blondel.
Vibrant .. 

24 janv. 2017

Tous les câlins du monde de Manuela Monari et Evelyn Daviddi. Rue du monde, 2016

Dés la couverture, on sait que cet album sera confortable, enveloppant et rassurant.
Et en effet, papa ours et son petit bonhomme se promènent dans la forêt en ouvrant  des yeux naïfs et plein de tendresse sur ce qui les entoure.
Ils prennent le temps de se poser, de s'émerveiller et d'ouvrir un regard  poétique et imagé sur la nature et sur la vie. 
Ensemble, ils discutent tranquillement en affirmant l'hypothèse que tout ce qui existe n'est que le résultat d'immenses câlins entre les nuages et les montagnes, entre le soleil et la nuit, entre les fleurs et les abeilles... et surtout entre papa et maman qui ont donné naissance à leur petit ourson. 
Comme on est bien ! 
Comme cette ballade en leur compagnie est généreuse et réconfortante !
Les illustrations donnent envie de prendre le temps ; tout est calme, reposé et le texte, présenté en strophes, se savoure tout doucement.

Alors, si vous avez juste envie d'un moment de tendresse et de douceur, laissez vous bercer par les paroles de papa ours et soyez rassuré : que la vie est belle !



22 janv. 2017

A la place du coeur d'Arnaud Cathrine. Robert Laffond, 2016

D'abord, je me laisse charmer par cette belle couverture.
Et puis, j'ai surtout envie de voir comment le sujet des attentats qui ont eu lieu en 2015 pouvait être abordé en littérature jeunesse.

Pour Caumes, tout a commencé le lendemain de son anniversaire alors que les journalistes de Charlie Hebdo sont sauvagement attaqués. 
Même à 17 ans, cela chamboule. 
Il y a son frère qui vit à Paris et dont il faut prendre des nouvelles ; dans la cour du lycée, il y a ceux qui ont des idées politiques arrêtées et des mots qui dépassent la pensée ; dans les salles de cours, il y a des profs qui essayent de guider les paumés qui n'ont pas encore réalisés... une journée étrange mais inoubliable.
Cette journée, elle ressemble à celle que nous avons tous vécu.
Ces jeunes ressemblent à ceux que l'on a pu croiser ce mois de janvier-là.
Ils portent  dans leurs regards l'innocence d'une jeunesse amoureuse et insouciante obligée par la force des évènements à regarder le monde
Un âge de transition où se forge un certain raisonnement mais où l'espoir demeure malgré le contexte.

Comme un écho à cette ambiance particulière de janvier 2015, aux discussions que j'ai pu avoir avec mes ados, Arnaud Cathrine évoque avec justesse et proximité 6 jours marqués par le bouleversement de nos quotidiens ordinaires. 

Curieuse, j'attends la saison 2 ...

19 janv. 2017

Le copain de la fille du tueur de Vincent Villeminot. Nathan, 2016

Le copain de la fille du tueur c'est un gouffre !

D'un côté une histoire d'amour poussée au maximum de son romantisme, une romance un peu fleur bleue pleine de poésie, d'adoration et de retenue et de l'autre c'est un thriller cuisant, épouvantable où les mots crus sautent à la gorge.
Et pour les personnages ? C'est pareil, il y a Charles plutôt solitaire, premier de la classe, discret... et Selma, énigmatique et sportive. Entre eux deux, fanfaronne Touk-E, un brin provoc' voire insolant, au tempérament assez explosif, fumeur de joints et amateur de porno.
Sans parler d'un poète suisse mourant sur son lit, d'un trafiquant de drogue mexicain et d'une actrice de porno.

Comment sortir de cette lecture ? Et bien me voilà pleine de questionnements et de doute. La quintessence du roman est bien cette magnifique histoire d'amour mouvementée que je trouve finalement entachée par des détails inutiles (le tournoi de foot, l'apparition du fantastique, l'accumulation de clichés, ..). Et puis il y a ce rythme, si lent au début et presque trop rapide à la fin.
Et ce mélange des genres, des normes littéraires qui m'a vraiment décontenancé.

Alors, je ne voudrais pas être catégorique car la plume est habile, mais c'est pour moi un OVNI littéraire dont le résultat ne me parait pas si évident.

17 janv. 2017

Le doudou de la directrice de Christophe Nicolas et Maureen Poignonec. Didier jeunesse, 2015

Dur dur d'être directrice d'école...
On est toujours là à être sollicité par nos chères têtes blondes qui ont toujours quelque chose à nous dire de la plus HAAAAAUTE importance.

Mais cette directrice-là a ce pouvoir déconcertant de garder la zen attitude en toute circonstance. Toujours souriante, à l'écoute... on envie sa constance. Mieux que tout elle arrive aussi à contaminer son entourage de sa bonne humeur permanente. 
Ca c'est sûr, cette directrice a un secret !

Son secret ? C'est son doudou. 
Et son doudou ? Il faut le chercher partout. 
Oui, parce que quand même, une directrice d'école avec un doudou, ça fait pas sérieux du tout ! Et hop ! On repart à la page 1 et on commence un véritable cherche-trouve dans chaque illustration. 
Jusqu'au jour où..

De situations cocasses en drôleries, il est sacrément efficace cet album ! 
Le texte pétille, les illustrations de Maureen Poignonec sont dynamiques et l'histoire nous met le sourire aux lèvres.
Pleine d'originalité et d'énergie, cette lecture est légère et vraiment distrayante. 
Un sacré bon moment !

Retrouvez l'avis 


15 janv. 2017

Rien qu'un jour de plus dans la vie d'un pauvre fou de Jean Paul Nozière. Thierry Magnier, 2011

A 10 ans d'intervalle, deux enlèvements d'enfants. C'est étrange, non ? 
Elise d'abord, 3 ans qui échappe à la surveillance de son grand frère de 17 ans. 
Laura ensuite, jolie ado de 13 ans qui s'amusait à fleurter gentiment avec Linlin.

Il est alors très facile d'accuser Linlin, handicapé mental, qui a le profil idéal. Mais c'est sans compter sur Alice, qui le défend  avec force de conviction ; d'autant que tous les deux partagent un secret qu'ils ne dévoileront jamais.
L'enquête s'embrouille, les gendarmes n'y comprennent plus rien et sont sur le point d'abandonner quand la vérité éclate aux yeux des lecteurs qui ne peut plus que tourner les pages avec insistance pour voir le noeud se dénouer.

Bon sang, comme Jean-Paul Nozière a le don de nous plonger dans une ambiance qui nous met mal à l'aise !  
Il joue avec la chronologie des évènements, il tortille avec constance la psychologie de ses personnages, il s'entête à agiter nos cerveaux en posant un regard féroce sur la société... Et l'on sort un peu groggy de cette lecture. 
En apothéose, le dernier chapitre nous achève d'un seul coup.
Terrible...


12 janv. 2017

Vladimir et Cléménce de Cécile Hennerolles et Sandrine Bonini. Grasset jeunesse, 2015

Vladimir et Clémence c'est un histoire d'amour délicieuse entre un photographe un peu myope mais touchant, et une femme invisible qui sème des indices sans jamais  se laisser voir.
Une histoire à la Amélie Poulain où la romance est à la fois insaisissable et merveilleuse.
Et comme l'amour a le don de tout transcender, d'éloigner les peurs, de redonner de la joie et de la couleur, les photos statiques de Vladimir, tout d'un coup se remplissent de vie, les petits cailloux semés lui donne confiance et tout cela ne peut se terminer que par un doux baiser.

C'est joli tout ces petits riens qui embellissent le quotidien...
C'est délicat de se laisser désirer...

Des personnages lunaires, une histoire aux doux airs de conte de fées, des illustrations au charme un peu désuet, ... ce roman a tout d'un petit bijou ; une petite pépite poétique qui nous offre une lecture précieuse et heureuse.


Souvenez-vous, un livre offert par la 
 lors de notre swap de noël

10 janv. 2017

Madame Cocotte d'Edouard manceau. Seuil jeunesse, 2015.

Qui de l'oeuf ou de la poule  ? Une question qui peut nous faire tourner la tête en rond pendant un moment, n'est ce pas ?
En choisissant ici, une cocotte de forme ovoidale, Edouard Manceau essaye d''apporter une réponse ou du moins de montrer, qu'il n'y en a pas et que ce cercle vicieux continuera d'occuper nos conversations. 

Et puis voilà, il y rajoute aussi un peu de fantaisie - en reprenant la trame du classique "Va t'en grand monstre vert !"  -  en dépouillant méthodiquement la poule de tous ses attributs. Et hop ! Ainsi mise à nue, Madame Cocotte ressemble vraiment à un oeuf. Magique, non ?

Comme toujours avec des formes géométriques simples, des couleurs très vives, un texte court et tonique, Edouard Manceau sait captiver son public. 
Ici encore, il nous offre une histoire efficace, joyeuse et rassurante  qui a coup sûr surprendra avec plaisir les plus petits de nos petits curieux.

Un album bien réussi !

D'autres chroniques d'albums d'Edouard Manceau, 
c'est par ici !


8 janv. 2017

Refuges d'Annelise Heurtier. Casterman, 2015

AnneLise Heurtier est un de ces auteurs qui nous raconte le monde. Mieux que ça, elle nous embarque toujours dans des sujets sensibles où l'on sent pointer son engagement personnel pour de nobles causes.


Avec Refuges, elle revient sur les questions de société actuelle concernant les immigrés. Elle arrive à immiscer dans une fiction familiale, le destin de jeunes ados érythréens et surtout à nous plonger au cœur des conditions dramatiques de cette folle traversée qui les fait accoster à Lampedusa.

Même s’il est question de manipulation, de peur, de violence, de désastre humain… AnneLise Heurtier reste mesurée et précise dans son discours. Elle n’est pas là pour culpabiliser le lecteur et montrer chacun du doigt, mais juste pour mobiliser notre conscience personnelle.
Elle nous touche par la force des émotions et des sentiments. Elle nous parle d’une famille disloquée, de passion, d’amitié mais juste avec ce brin de fragilité, de solidarité et d’humanité qui fait tourner le monde (enfin, je l’espère !).

Un dosage parfait pour un livre fort.


Retrouvez l'avis de 
mes copinautes Carole et Pépita
 


5 janv. 2017

Entre deux rafales d'Arnaud Tiercelin. Le Rouergue, 2011

Emma allongée, sur un lit d'hôpital, se découvre amnésique. 
Arthur, plein de culpabilité, se cache afin de ne pas être retrouvé. 
Ils étaient tous les deux sur le même scooter volé. Arthur, devant, sans casque et Emma derrière. Arthur n'a pas vu arriver le camion sur sa gauche. Après le choc, il s'est enfuit. 
Les chapitres alternent les points de vue des deux ados et petit à petit l'histoire et l'intrigue se construisent sous nos yeux. 
Plus fort que tout, il y a l'amour qui les unit,... les réunit dans cette chambre d'hôpital. Oui, car c'est une belle histoire de Roméo et Juliette contemporains que nous lisons là. Arthur trimbalé de familles d'accueil en foyer, Emma venant des quartiers riches et malgré tout, entre eux, une union à l'unisson.

Bien sûr il y a l'intensité du drame mais aussi cette folle lueur d'espoir et l'on a bien du mal à lâcher ce livre qui nous parle d'ados cabossés, sensibles et tellement touchants.

L'écriture d'Arnaud Tiercelin est efficace, les chapitres sont courts et, à n'en pas douter, Entre deux rafales est  un beau roman qui me poursuivra longtemps..., 

Souvenez vous, un livre offert par Pépita 
lors de notre swap anniversaire



3 janv. 2017

Le pigeon qui voulait être un canard de Lili et Soledad Bravi. Bayard jeunesse, 2016

Moi j'aime bien le coup de crayon de Soledad Bravi. Je sais qu'en ouvrant un de ses livres je gagnerai ma dose de bonne humeur et que je trouverai un style concis, expressif et efficace, tout en étant un brin caricatural.
Donc me voilà avec l'histoire de Gédéon entre les mains. Au parc des Tuileries, Gédéon le pigeon est envieux du sort des canards. Lui le pigeon déprécié alors que tout le monde s'émerveille devant les canetons qui barbotent dans la mare.
Quel chance, Gédéon trouve une paire de palmes abandonnées ! Avec ça, c'est sûr, il ressemblera à un vrai canard, il ne lui reste plus qu'à apprendre à cancaner !
Oui, mais, ... 

Et voilà, l'album tient ses promesses, je n'ai pas vu la chute arrivée et je me suis bien amusée! Et je suis sûre que nos petits lecteurs apprécieront tout autant et qu'ils comprendront qu'il est important de s'accepter comme on est et d'avoir confiance en soi.

Allez zou, on y croit les loulous !

1 janv. 2017

Dans les branches d'Emmanuelle Maisonneuve. Editions Graine2, 2015

Morgan est un ado solitaire, plutôt mal dans sa peau, vivant seul avec sa mère et, parfois son faux père. Sa seule solution pour s'échapper du quotidien est de s'abrutir des nuits durant devant des jeux vidéos. Mais  à l'occasion d'une balade forcée en forêt, il va tomber nez à nez avec une étrange créature : un troll comme dans Endof World ?
Non, une enfant sauvage ...

Dans une ambiance mystérieuse et captivante, alors que l'on croit virer dans du fantastique, Emmanuelle Maisonneuve nous transporte au coeur d'une relation improbable et l'on se presse de tourner les pages pour, comme Morgan, rechercher au milieu de cette immense forêt la vérité sur cette enfant.

Quelle belle surprise que ce roman ! La couverture est prometteuse et l'intensité du roman l'est tout autant. Cette atmosphère sauvage sur laquelle souffle un vent de rebellion et de liberté nous happe et l'on ne peut que s'attacher à la fluidité du récit, à sa poésie et à la force des émotions qui s'en dégagent.

Un livre d'apprentissage délicat, imprévisible, captivant... et, je vous le promets, vous irez désormais vous promener différemment  dans les forêts ...

Retrouvez l'avis de 
ma copinaute Bouma