28 sept. 2016

Il était trop de fois de Muriel Zurcher et de Ronan Badel. Thierry Magnier, 2016

D'abord, il y a ce rose flashy, forcément, ça attire l'oeil. 
Et puis il y a le format, comme un carnet que l'on a envie de glisser dans sa poche.
Et enfin, il y a ce titre intriguant et ces animaux au regard espiègle.
On sent l'impertinence arriver à grands pas !


Voilà, le narrateur est fin prêt pour nous raconter son histoire. Un conte classique  avec une forêt, un loup grand et méchant et un chaperon en ballade. Normal, quoi ! 
Mais c'est sans compter sur les interventions intempestives d'un auditeur extérieur. A chaque nouvelle idée, à chaque nouvelle page, le narrateur est obligé de réajuster son histoire qui n'est jamais du goût du futur lecteur (râleur et autoritaire). De quoi en faire perdre la tête aux animaux, agacés de devoir toujours tout recommencer. La rébellion n'est pas loin, ... Et le livre de finir (presque) comme il avait commencé.

Que dire ? C'est drôle, c'est court, c'est spontané, ça bouscule les idées reçues, c'est loin de la banalité, ... ça fait du bien, tout simplement !
Et ça promet de beaux moments de lecture à voix haute !
Y'a pas à dire, j'aime ce petit album, cette jolie découverte, ce ton moqueur !

26 sept. 2016

La vitesse sur la peau de Fanny Chiarello. le Rouergue, 2016

Dans le silence d'Elina, il y a la responsabilité, la culpabilité, la tristesse et la colère.
Un silence d'enfermement et de deuil après la mort accidentelle de sa mère.
Un silence choisi, avec pour seul lieu-ressource le Jardin des Plantes où elle se plait à végéter parmi les végétaux.
Jusqu'au jour où Elina est prise d'une envie (un besoin) incontrôlable de courir, d'avaler du bitume, de chercher un but, de se dépasser, de s'abîmer...ou du moins, de courir dans le sens inverse d'une montre, pour remonter le temps, pour refuser l'indiscutable réalité quotidienne. C'est en retrouvant cette mise en mouvement, cette envie d'avancer, ce nouveau souffle, ... qu'Elina va croiser la route de Violette, ancienne marathonienne en fauteuil roulant.

Fanny Chiarello sait à la fois nous intriguer tout en gardant une écriture pudique. On se prend d'affection pour ce duo discret et rassurant, en outre passant certaines divagations (que Violette arrive à lire dans les pensées d'Elina par exemple).
Et ce roman n'est pas seulement une histoire de deuil et de reconstruction, mais c'est surtout une histoire de hasard, de pardon et de résilience.
Un roman d'une très belle plume. 
Un roman qui donne du sens à la vie.

Retrouvez l'avis de ma copinaute Pépita

21 sept. 2016

La vie d'aventurier de Jean Bossard. Pastel, 2016.



Une journée à garder un bébé : quelle aventure !
Ce n’est pas vraiment de tout repos pour Karl et Lütti qui s’occupent de Tero. Il a vite fait de s’échapper et de courir dans les prés. Voilà alors notre trio qui s’embarque vers de drôles aventures (réelles ou imaginaires ?) toutes plus farfelues les unes que les autres. Il suffit de se laisser porter par l’imprévu … et tout peut arriver.
Pas de cris, pas de pleurs, personne ne râle et l’après-midi s’enchaine mouvementée et joyeuse dans un esprit de totale liberté et de rêve éveillé.
Que de bonne humeur, d’esprit frais et de legéreté !
Cet avec étonnement que l’on ferme cet album en se demandant ce qui a bien pu nous arriver. Il plane encore une surprise un peu confuse, mais vite dissipée grâce au sentiment d’une journée bien bouclée.  
A découvrir...

Retrouvez l'avis de 
ma copinaute Chlopitille

15 sept. 2016

Un endroit où se cacher de Joyce Carol Oates. Albin Michel, 2010.

Jenna est en plein naufrage depuis qu'elle se sent responsable de la mort de sa mère. Après l'accident, il y a d'abord eu ces jours de coma, le centre de rééducation, le sevrage médicamenteux puis le refus de partir vivre chez son père, son changement radical d'environnement, ses douleurs et sa recherche de limites dans lesquelles elle se cogne inévitablement. 
Mentalement cabossée par de sombres souvenirs, de bonnes en mauvaises rencontres, Jenna va dériver et suivre un itinéraire chaotique et pas toujours compréhensible. 
Un cheminement fait d'expériences, de culpabilité, d'autodestruction mais aussi d'espoir pour une reconstruction possible.

La fragilité est là, il suffit juste de savoir l'accepter, l'écouter et l'apprivoiser.
Un roman dur et poignant, où l'auteur ne ménage en rien la qualité de son écriture. 


Souvenez-vous, un roman reçu lors de notre swap d'été

Merci Bouma !


13 sept. 2016

Nous, quand on sera grands de Jean Leroy et Mathieu Maudet. Ecole des loisirs, 2015

Quand le petit chaperon rouge rencontre les 3 petits cochons dans un bac à sable, ils s'amusent à "Moi quand je serais grand, je serais ...."
Bien sûr, ils ne peuvent s'empêcher de rêver à être plus forts, plein d'assurance et surtout de se mettre une bonne 'raclée ' au loup !  Le pauvre, ils n'ont aucune envie de l'épargner et leur vengeance sera à la hauteur de leur peur actuelle.
Des paroles insignifiantes pour eux, comme un jeu et pourtant... pas loin  d'eux le petit loup à tout entendu.. 

On est clairement dans le quotidien enfantin d'une cour de récré, dans ces petites discussions piquantes dont on n'imagine pas les conséquences. 
Forcément cela parlera au plus petit qui s'amuseront de l'histoire malicieuse, de la discussion enjouée, du jeu des illustrations et du revirement de situation. 

A coup sûr une lecture ludique au succès garanti avec des héros bien identifiés.

Retrouvez l'avis 
de ma copinaute Sophie

8 sept. 2016

Wild song de Janis MacKay. Fleurus, 2016


Niilo est un ado blessé, sauvage et en détresse. La colère bout en permanence  au fond de lui et ses excès de violence deviennent  trop fréquents.Ce qui le met dans cet état, on s’en doute mais on ne le sait pas vraiment.

C’est sur une île perdue, dans  une école spécialisée que Niilo va trouver une oreille attentive et petit à petit acquérir un peu plus de sérénité. La relation étonnante avec un éducateur attentionné va vraiment être déterminante pour l’avenir du jeune ado. Il va dépasser ses peurs, commencer à s’ouvrir aux autres, se lier d’amitié, trouver un sens à sa vie, …

Dans la deuxième partie du livre on bascule dans une Robinsonnade, alors que Niilo fugue à la nage vers une île déserte, après avoir vaincu sa phobie de la mer. Cette étape essentielle  vient compléter sa quête identitaire et son dépassement personnel, mal nécessaire pour retrouver sa place dans la société.

Quand la parole se libère enfin, ce véritable récit initiatique nous réapprend la délicatesse, la confiance et l’amour.


Entre conte, mythe et réalité, ce roman nous emporte dans le fin fond des paysages  et des légendes ancestrales des îles finlandaises.

Une couverture qui attire l’œil et qui tient ses promesses pour tous ceux qui souhaitent se laisser transporter dans une nature vibrante, libre et sauvage.

6 sept. 2016

Le bain de Berk de Julien Béziat. Pastel, 2016.

Zoom sur la porte de la salle de bain. 
Poussons-la un peu et allons voir ce qui s'y passe ; ou plutôt ce qui s'est passé l'autre jour. 
Un drôle d'histoire est arrivée à mon doudou qui est tombé dans l'eau du bain. Heureusement, ses amis n'étaient pas bien loin et ont tout tenté pour le sauver ! Mais comme Berk était en train de se noyer, on ne comprenait pas bien ce qu'il disait..

OUF ! Tout est bien qui finit bien, et ça on le sait dés le départ puisque c'est la voix de Berk qui nous raconte l'histoire.

Un album délicieusement drôle, pétillant de malice et d'ingéniosité. Les enfants adoreront les grandes illustrations colorées, le charabia incompréhensible de Berk et la chute inattendue qui appelle une seconde lecture.

J'en suis sûre, une petite aventure du quotidien qui va en amuser plus d'un !

4 sept. 2016

De si beaux cheveux de Gwladys Constant. Oskar, 2016

Ce petit livre est un concentré de pamphlet féministe. Il y est question de diktats de la beauté, de harcèlement masculin, de drague irrespectueuse, de colère et de révolte. 
Sous forme de témoignage journalistique, nous faisons la connaissance de Jeanne  qui nous explique pourquoi, par militantisme, elle s'est rasée la tête. Un geste pas anodin, mûrement réfléchi, touchant  à la beauté et à la sensualité féminine. 
 Je n’allais pas me trancher un sein, et jouer les Amazones. La chevelure, c’est symbolique, c’est signifiant, elle parle aux instincts, les instincts les plus vils. Car je considère que les mecs qui m’abordent dans la rue ne sont pas des hommes, justement. Ils sont en dessous ».

L'argumentaire est maîtrisé, le geste est sûr, la confession est terrible... Jeanne parle au nom de toutes ces jeunes ados, de toutes ces femmes qui acceptent ou n'ont d'autres possibilités que de se taire. Toutes celles qui sont gouvernées par le désir des hommes.

Un récit poignant, d'autant qu'il est inspiré de faits réels.
Un récit utile et intelligent.
Ca claque fort !


de Gwladys Constant

1 sept. 2016

La ballade d’Hester Day de Mercedes Helnwein. La belle colère, 2014

Hester Day est une ado qui n'aime pas les contraintes et a soif de liberté. Son caractère difficile rendent les relations familiales conflictuelles ; ses prises de positions sont incomprises et rendent sa mère hystérique. Les contraintes? Très peu pour elle.

Hester Day n'a pas envie d'aller au bal de promo. 
Hester Day n'a pas envie de poursuivre ses études. 
Hester Day n'a pas envie de plaire. 

Alors, elle se lance dans un road-trip un peu dingue en épousant le premier poète venu et en embarquant sous son bras, à l'insu de tous, son petit neveu lunaire. 
C'est parti pour des kilomètres de route, un voyage chaotique au coeur de l'Amérique et les déboires existentiels de 3 gamins paumés, incapables d'envisager leur avenir. 

Peu de passion, peu de suspens et c'est avec peine que je suis arrivée au bout du roman. Les états d'âme et la vie d'Hester, trop invraisemblables, n'ont pas réussi à me captiver et je n'ai pas pris de plaisir à suivre la ballade en camping-car, à mon goût fastidieuse.

Bon, j'ai dû passer l'âge de la rébellion...