29 mai 2016

Tous nos jours parfaits / Jennifer Nirven. Gallimard jeunesse, 2015

C'est en haut du clocher du lycée, alors qu'ils s'apprêtent tout les deux à sauter dans le vide, que Finch et Violet font connaissance.
Finch est déjà repéré pour être un ado paumé, fragile, voire 'taré'.
Violet est au contraire plutôt bien intégrée, mais elle porte en elle le douloureux accident de voiture qui a coûté la vie à sa soeur.
De cette rencontre improbable, va naître une relation complice, une histoire d'amour bouleversante entre une ado, qui accompli lentement son travail de deuil, alors que Finch envisage toujours de mettre fin à ses jours.
Un roman fort en émotions, en petits riens qui font tourner la tête et chavirer les coeurs. La fragilité des personnages est touchante, la fraîcheur de l'adolescence est vibrante, la fiction est puissante et nous transporte vers le quotidien d'une réalité. 
A la manière de John Green (Nos étoiles contraires) ou de Rainbow Rowell (Eleanor and Park), Jennifer Nirven nous plonge dans une histoire authentique où la magie de l'instant vécu s'insinue irrévocablement en nous ; une histoire qui nous pousse à nous secouer pour reprendre pied dans la vie.
Dans la lignée de la littérature YA contemporaine américaine : le style est maîtrisé et ça ne peut que fonctionner !

26 mai 2016

Tansfert / Rémi Stefani. Syros, 2015

Le même jour à la même heure, chacun de leur côté, Victor et Valentin sont victimes d'un accident.
Et c'est à partir de là que leurs vies vont être intimement liées.
Sans aucun souvenir de son passé,Victor va se réveiller dans la tête de Valentin et vice-versa.
Une situation complexe, déconcertante mais plutôt intéressante pour le lecteur. 
Victor et Valentin découvrent alors un nouvel environnement, doivent désormais accepter d'être un autre  et essayent de correspondre à ce que l'on attend d'eux.
Et là ? Le lecteur suit en parallèle les deux parcours individuels des jeunes hommes et désespère de voir l'action arrivée (le livre est annoncée comme un thriller haletant). Il y a bien un détective qui essaye de tirer cette histoire au clair et un autre accident où Victor et Valentin se croisent sans se connaître .. mais malgré tout leurs aventures n'ont pas réussies à me passionner.
Au fil des pages, l'intrigue a perdu de son intérêt et ma lecture s'est essoufflée...
Dommage !

24 mai 2016

Edmond / Ingrid Chabbert et Guridi. Frimousse, 2014

Dans la faune graphique de cet album se dissimule Edmond, un drôle d'animal non identifié qui adore se cacher ... pour observer, guetter mais très peu pour se sociabiliser. 
Un jour, Edmond tombe sur un bel oeuf blanc et décide de le couver. 
A la naissance de l'oisillon, le coeur d'Edmond craque littéralement et il sent son instinct paternel monter au fond de lui. Finalement c'est agréable un peu de compagnie, de responsabilité et de partage. 
Mais malheureusement cela ne dure pas toute une vie, un jour l'oisillon  prend son envol.
Autour d'Edmond, c'est de nouveau le vide...
Ouf ! L'album terminé, tout le monde peut souffler, plus jamais Edmond ne se retrouvera esseulé...

Quelle douceur ! Avec délicatesse Ingrid Chabbert parle de solitude, d'amour, de filiation, de départ... et de retour. 
Et tout aussi magnifiquement illustré, cet album se démarque par sa qualité esthétique au graphisme très soigné. 
C'est beau !


Retrouvez l'avis de mes copinautes

22 mai 2016

Je sais que tu sais / Gilles Abier. Talents Hauts, 2015

Difficile de vivre alors que son frère a été retrouvé criblé de 6 balles dans le corps, tué par son meilleur ami. 
Difficile de se reconstruire, de ne plus être en colère, de ne plus avoir des images dans la tête, de supporter le poids pesant de la famille endeuillée.

Et puis, faire une rencontre... 
Une rencontre qui propose de rendre visite au meurtrier, de lui parler et surtout...de lui pardonner.
Impensable !

Et pourtant, laisser la parole se libérer pour apaiser la culpabilité, faire preuve de résilience au lieu de fuir, se forcer à aller à l'encontre de ses certitudes pour se radoucir... et accepter de laisser  filer la douleur.

Sous la plume acerbe de Gilles Abier, la voix agitée d'Axelle résonne au fond de nous. Au coeur d'un cheminement tortueux et sombre, seule elle sait, que la vérité est pire que ce qu'il n'y paraît.
Jusqu'aux dernières pages, tout se suggère jusqu'à nous ébranler.
Un thriller psychologique qui nous précipite violemment face à notre propre responsabilité.

20 mai 2016

Hugo de la nuit / Bertrand Santini. Grasset, 2016.

Lire ce roman c'est se laisser transporter la nuit de la veille de l'anniversaire d'Hugo. Cette nuit là où il est mort et nous a embarqué dans l'univers fantomatique du cimetière.
Brrrrh, on croise des zombies, des spectres et on en frissonne d'avance...
Mais pas que ! Car sous la plume tonitruante de Bertrand Santini, l'histoire devient complètement époustouflante !  Un mélange de farce, d'aventure, de poésie, d'absurdité, de cruauté, le tout accompagné d'une pointe de fantastique. 
Et que dire des personnages ? On y croise des fantômes définitivement très sympathiques répondant au nom de Nicéphore, Cornille ou Poudevigne, on croise un nounou tout en tendresse et on suit deux policiers bien caricaturés.
Et je ne peux pas vous en dévoiler plus car j'ai vraiment envie que vous découvriez cette drôle d'histoire par vous - même, mais...qu'est ce qu'on se régale ! 
Entre rêve, réalité, cauchemar, un roman surprenant, très original, complètement adapté, que j'ai dévoré et vraiment adoré !
Une fois embarqué, on ne peut plus s'arrêter ...

PS : Et la couverture ? Elle est pas magnifique la couverture ?

Retrouvez l'avis 
de ma copinaute Pépita

18 mai 2016

A comme baleine / Delphine Chedru. Nathan, 2015

Dés le titre, on voit bien qu'il y a un petit couac. Et non, Baleine ne commence pas par la lettre A !
Tel est le parti pris de Delphine Chedru !
Construit sur des doubles pages, cet abécédaire s'amuse à cacher un intrus parmi les illustrations proposées pour chaque lettre. 
A la lettre A par exemple, se cache la Baleine au milieu de l'Allumette, de l'Autruche, de l'Ananas...
Original, non ? 
Et Delphine Chedru ne s'arrête pas là, l'intrus caché commence par la lettre suivante de l'alphabet ...si, si, ...
A la fois pédagogique et amusant, cet album promet de se familiariser avec les lettres tout en perdant un petit peu la tête !

C'est malin, plutôt bien fait, très coloré et je garantis un certain succès !



16 mai 2016

Que du bonheur ! / Rachel Corenblit. le Rouergue, 2016.

C'est un véritable One woman show que déroule Angela sous nos yeux ! 
En quelques scènes, elle nous raconte son histoire de façon particulièrement drôle !
Que dire ? En une année, Angela a cumulé tous les malheurs du monde : une chute le jour de la rentrée au lycée (bonjour la réputation !), le divorce de ses parents, l'embonpoint qui s'en est suivi, la trahison de son ex-meilleure amie, la mort de son chat, les vacances chez son grand-père au fin fond de l'Ariège et pire encore, le séjour sous la tente au camping de Palavas-les-flots.

Et voilà, imaginez Angela nous raconter ces aventures avec toute la fraîcheur et l'ironie d'une jeune ado, et vous obtenez un roman court, plutôt amusant, vitaminé et plein de pep's.
Ca se lit vite, ça change et ça fait du bien !

Tout ce que j'ai déjà lu (et aimé !) 

12 mai 2016

i-M@mie / Susie Morgenstern. EDL, 2015

Elle était plutôt tranquille Martha sous le soleil de Nice. Retraitée de l'enseignement, veuve, ... ses journées se passaient tranquillement avant que ne débarque son petit fils, Sam, que ses parents ont décidé d'envoyer chez sa grand-mère pour une année sabbatique sans ordinateur, ni portable.
Martha n'avait rien demandé, vous remarquerez... Mais c'est avec plaisir qu'elle concocte des petits plats à son petit fils, qu'elle le dorlote, qu'elle applique les recommandations des parents, qu'elle l'aide dans ses études... Il faut dire que c'est un bon petit gars Sam, pas le genre ado rebelle, plutôt docile, doué pour le piano et attentionné envers sa grand-mère. 
Mais un jour Martha découvre les joies d'Internet, et en cachette passe ses nuits sur le Net, à en devenir accro.
Un roman détente, certes mais qui veut aborder tellement de sujet, qu'il m'a un peu éloigné du réel contenu. Susie Morgenstern y aborde la vie virtuelle bien sûr, mais aussi les relations familiales, la solitude, la vie amoureuse des seniors, les erreurs qui se répètent, le mensonge, .. et tout cela sans qu'il n'y ai aucun accro, aucun reproche, aucune prise de bec. 
L'environnement dépeint est quand même très privilégié, très compréhensif et très ouvert. Trop éloigné de la vie réelle à mon goût.

Je retiendrai de ce livre, un joli moment de rencontre plein de tendresse entre deux générations mais une histoire assez édulcorée et prévisible.

10 mai 2016

Maurice et Léopold / Vanya Nastanlieva. Les 400 coups, 2016.

Petit Maurice, souris esseulée, cherche ami pour jouer. 
Ca tombe bien, voilà Léopold, gros ours mal léché qui n'a pas vraiment envie de s'amuser. 
Mais qu'importe, Maurice va instaurer un jeu de mimétisme et répéter tout ce que Léopold fait. 
Les deux compères se cherchent, se découvrent, se jugent, s'intimident..
Enfin, imaginer une souris montrer des dents et grogner, ce n'est pas tout à fait du grand effet... 
Lasser de ce jeu d'imitation, Léopold finira pas laisser la souris à son amusement, sans pour autant réellement s'agacer.
Plus que l'histoire ce sont les illustrations qui m'ont interpellées dans ce tout-cartonné. L'auteur s'amuse a être hors cadre, elle joue de la différence de taille entre la souris et l'ours, elle alterne les points de vue et abuse des gros plans. Ce dynamisme graphique  accentue le rôle des personnages et leur caractère, et bien sûr rythme le récit. 

Sans nul doute, un album qui se prête aussi formidablement bien à la lecture à voix haute.
A découvrir..

Retrouvez l'avis 
de ma copinaute Sophie


8 mai 2016

Les chiens / Allan Straton. Milan, 2015

Cameron est habitué aux déménagements depuis que sa mère fuit un compagnon violent. Dans le nouveau trou perdu où il atterrit, la nouvelle maison est plutôt glauque et le voisinage inquiétant. Une ambiance sinistre bientôt renforcée par la découverte d'un meurtre ayant eu lieu quelques années plus tôt dans la demeure.
L'imagination de Cameron est sans limite et quand le fantôme de Jacky apparaît et lui laisse épisodiquement des indices, Cameron lance alors sa propre enquête. Mais quelle est la limite entre rêve et réalité ? Cameron va -t-il basculer dans cette folie envahissante ? Pourquoi existe-t-il des liens avec sa propre vie ? Et son père dans tout cela, est-il le monstre que lui décrit sa mère ?
Le lecteur doute, ne sait plus qui croire et ne comprend pas toujours où toute cette atmosphère inquiétante et oppressante va l'embarquer.

Bref, bien qu'hyper sombre, il est très facile de plonger  dans ce roman sans aucune retenue : on s'attache aux personnages psychologiquement très fouillés, la dimension fantastique se mêle parfaitement au thriller et on a souvent hâte de respirer quand l'étau se resserre.
Tous les ingrédients sont donc réunis pour tourner les pages avidement et, au final, trouver ce thriller paranoïaque 'bien ficelé'.


5 mai 2016

N'y pense plus, tout est bien / Pascale Maret. Thierry Magnier, 2016

Dés les premières pages, Pascale Maret nous plonge dans une tragédie immensément douloureuse : Martin, 12 ans, assiste à la fuite de son père qui, pris de folie meurtrière, vient de tuer sa femme et ses deux autres enfants, tous réunis autour d'une flûte de champagne pour fêter un futur voyage aux Etats-Unis.
S'en suivent des années d'angoisse, d'anorexie, de cauchemars, d'incompréhension,  ... jusqu'au jour où Martin décide, accompagné d'un détective, de partir sur les traces de ce père haï. Rapidement, ils se retrouvent ensemble sur les pistes de Patagonie, en quête d'une réponse à de multiples questions.

Et on ne lâche rien de ce livre ! Même si Pascale Maret tente d'alléger l'atmosphère en apportant un bol d'air avec des personnages plus légers, les pensées de Martin nous ramènent régulièrement avec étourdissement dans l'horreur et la douleur de ce terrible familicide. Martin reste seul avec lui même, sa solitude, ses visions, sa douleur et avec les chansons de Bob Dylan qui lui évitent de trop penser et de trop en dire.
Mais a quel prix Martin doit clore son histoire pour faire son deuil ?

Une nouvelle fois, l'écriture toujours fine et puissante de Pascale Maret est brillante. C'est tout autant vertigineux  que complètement maîtrisé et d'une rare acuité psychologique.

Inoubliable...

Retrouvez l'avis de 
ma copinaute Pépita

3 mai 2016

Le grand méchant Graou / Ingrid Chabbert et Guridi. Samir, 2015

Il était une fois un grand méchant ... Graou. 
Vous voyez, cet épouvantable animal qui vit dans la forêt, qui a de longs poils noirs, qui des dents pointues et qui terrorise tout le monde. 
Tout le monde ? Pas vraiment ...  En tout cas, pas cette petite fillette têtue, toute de rouge vêtue, qui est prête à faire ami-ami avec la terrible bête. 
Vous l'aurez bien compris, voilà en filigrane le conte du Petit Chaperon rouge un peu chamboulé.
Tout en supposition et en non-dit, dans le texte comme dans les illustrations, ce livre joue sur le mystère de l'intrigue et d'une jolie amitié naissante.
On se fait peur, mais tout doucement,...
Et on finit avec une belle illustration, tout en tendresse...

Un album de belle qualité pour ce petit éditeur libanais : jolie réussite !

1 mai 2016

Little sister / Benoît Séverac. Syros, 2016

La vie de Léna et de sa famille a basculé quand ils ont découvert le visage de son frère à la Une des journaux : Yvan est en Syrie, parti faire le Djihad et a tué d'autres terroristes.
Montrés du doigt, stigmatisés, étouffés dans leur banlieue toulousaine, Léna et sa famille tente de se reconstruire sous une autre identité au fin fond d'un coin perdu de la France. 
Puis un jour, quatre ans plus tard,  Yvan tente de donner des nouvelles à sa soeur. Léna ne sait plus si elle doit détester son frère, lui pardonner, essayer de comprendre... mais une chose est sûre elle se rendra au rendez-vous qu'il lui a fixé.

L'idée de cette fiction est prometteuse, n'est ce pas ? Sujet brûlant d'actualité, elle répond sûrement à une forte demande d'autant que son axe d'approche permet d'être accessible par un grand nombre.
Construit en 4 parties alternant les points de vue des différents protagonistes, ce roman, pourtant très réaliste, n'a tout de même pas réussi à m'emballer. Un sentiment de distance avec les personnages et d'irrégularité des parties, peut-être ... mais aussi une fin qui se devine et se dénoue finalement en quelques pages. 
Ou alors, est-ce mon point de vie d'adulte qui aurait aimé des réflexions plus profondes, des incompréhensions, des justifications ? Peut-être aussi...

Reconnaissons alors à ce livre le mérite d'exister et à Benoît Séverac de bien mener sa barque de bout en bout.
Un livre efficace, qui ne se lâche pas, mais à qui il manque un petit 'plus'.