22 sept. 2015

La valise rose / Susie Morgenstern, Serge Bloch. Casterman, 2015.

Elle éclate de rose, cette valise !
Quand grand-mère est entrée en l'apportant avec elle pour unique cadeau de naissance à son tout-petit, tout le monde l'a remarqué et personne n'a compris.
Et encore moins sa belle-fille ! Oui, mais maman a beau s'agacer et la cacher, bébé Benjamin l'adore, lui, sa valise. Il joue avec, se love dedans, s'invente tout un tas d'usage et d'amusement. De sa première entrée à l'école à sa sortie du lycée, rien ne lui fera délaisser cet étrange et  véritable doudou.
Rien, vraiment ?
L'écriture piquante de Susie Morgenstern est encore au rendez-vous. On apprécie toujours son petit grain de folie qui dépoussière les conventions, ose laisser place à la liberté d'esprit et envoie balader les jugements.
Un petit bijou où cela grince un peu dans la cellule familiale, mais où l'enfant est au centre de toutes les attentions.
Susie Morgenstern et Serge Bloch signe là, un album véritablement vivant, espiègle et intelligent.
 

20 sept. 2015

Quelqu'un qu'on aime / Séverine Vidal. Sarbacane, 2015

Quand vous tournez la dernière page d'un livre en ayant un noeud dans la gorge et une larmichette au coin de l'œil.
Quand vous le conseillez à votre ado de fille qui le dévore en un week-end.
Quand au fond de vous, vous sentez une bouffée de bienveillance et d'humanisme et que cela vous fait un bien fou.
Quand les générations se croisent, entre force et fragilité, au cœur de ce roman bouleversant.
Quand vous vous êtes trouvé une nouvelle famille et que vous avez du mal à la lâcher, car avec elle vous avez parcouru un voyage inoubliable.
Quand vous avez une nouvelle fois apprécié l'écriture de Séverine Vidal, pleine de tact, de talent et de magie.
Quand vous ne trouvez plus tous vos mots pour rédiger cette chronique.
Alors, vous savez que vous avez entre les mains un roman rare, qui restera inoubliable.
Un roman généreux, puissant et juste. 
Superbe.

17 sept. 2015

Big easy / Ruta Sepetys, Gallimard, 2013


Josie Moraine, 17 ans, fille d'une prostituée, a toujours appris à se débrouiller seule. Elle sait bien qu'elle ne peut pas compter sur l'irresponsabilité de sa mère et que son avenir n'est pas dans une maison close où se profilent des affaires louches.
Heureusement, elle a su se créer une deuxième famille avec qui elle peut rêver de jours meilleurs. Passionnée de littérature, logée au dessus d'une librairie dans laquelle elle travaille, elle se nourrit du rêve complétement fou d'intégrer l'université de Smith.
Jusqu'au jour où malgré elle, impliquée dans une histoire de meurtre, elle entre dans la spirale du mensonge et sent à plusieurs reprises l'étau se refermer et l'appel de l'argent facile se rapprocher.
 
Ce livre est une belle galerie de personnages  qui chacun participe à l'ambiance. On est réellement plongé dans la Nouvelle Orléans des années 50, le racisme et les affaires mafieuses.
C'est une tranche de vie authentique,  à la fois tragique et lumineuse, dans laquelle on se laisse embarquer sans voir le temps passer.
C'est bien d'offrir de tels textes à nos ados !
Retrouvez l'avis de ma copinaute Kik

15 sept. 2015

Oups ! / Suzi Moore, Russell Ayto. Kaléidoscope, 2015

Ils sont 3,  un chat, un chien et une souris qui ne savent respectivement pas aboyer, miauler ou couiner.
Sur les conseils du hibou, il s'en vont voir la vielle dame au fin fond de la forêt. Mais ....OUPS ! De formules magiques en sort idéal, tout ne se passe pas comme prévu.
 
De suite, j'ai aimé le coup de crayon et l'ambiance du dessin de Russel Ayto. Pas de fioritures, mais un trait fin, une certaine linéarité et un humour discret. Au fil des pages, nous sommes surpris par nos 3 amis figés que rien ne semble perturber.
Le texte joue aussi de l'amusement par l'emploi d'onomatopées et d'un vocabulaire parfois un peu désuet qui, s'il peut décontenancer, fini par nous amuser.
Alors, même si l'histoire reste classique, elle reste très efficace et se prête très bien à une lecture à vois haute.
 

13 sept. 2015

Comme une envie de voir la mer / Anne Loyer. Alice Edition, 2015

Un coup de fil mystérieux et Ludivine est bouleversée.
Elle, la fille parfaite, studieuse, choyée, envoie tout valdinguer. 
Ce n'est pas un simple coup de tête mais une colère profonde. Ludivine devient Ludie, enfourche une moto, embarque son frère handicapé sur son passage et fuit son présent pour encaisser la vérité.
On est très touché par cette relation frère/sœur, cette escapade à deux qui leur permet, de se découvrir différemment, avec une nouveau paramètre. La colère de l'une, l'insouciance de l'autre,  mais une bienveillance commune qui leur permet de se re-trouver.
On se pose des questions sur la loi du silence, les secrets familiaux et l'amour filial. Un amour parfois maladroit mais tout simplement indispensable.
Comme souvent Anne Loyer tombe juste et son écriture sonne la sincérité et l'authenticité. Tout est légitime et logique : ce besoin de se rattacher à ce frère, l'évolution des sentiments, la construction de soi et l'erreur des parents en devient compréhensible. 
 
Une lecture courte mais touchante : l'amour et le silence ne peuvent pas tout, ...

Retrouvez l'avis de ma copinaute Pepita
 

10 sept. 2015

Nous les menteurs / Emily Lockhart. Gallimard, 2015

Dans la famille Sinclair, la façade est parfaite : une famille riche, unit qui se retrouve tous les étés sur une île privée, des enfants brillants... aucune fausse note. Et pourtant, si l'on y regarde de plus prés, on découvre des mésententes, des jalousies, des secrets qu'il ne faut pas dévoiler.
Au cœur de tout cela, l'argent bien sûr et pour Cadence, l'ainée des petits enfants et future héritière, c'est parfois bien trop lourd à gérer.
Tout éclate l'été de ses 15 ans, mais que s'est il passé réellement ? On ne le sait pas. Cadence est retrouvée à moitié nue sur une plage mais ne se souvient de rien et sa famille ne veut rien lui dire.
Doucement l'intrigue se dévoile, les indices se parsèment  mais il faut attendre le dénouement final pour que tout s'imbrique et prenne sens.
Une construction et une écriture originales, quoi que parfois déstabilisantes, mais surtout une ambiance qu'on a envie de détester, une loi du silence qui nous parait absurde et si les ados sont attachants, les adultes m'ont été assez insupportables.
Le dénouement retient tout notre souffle et ne s'oublie pas, mais jusque là, la lecture na pas été renversante au point de la louer, comme elle l'est par une majorité de critiques.
Si la qualité est là, je reste septique sur le contenu, qui ne m'a pas réellement emballé.

Retrouver l'avis de ma copinaute Pepita

8 sept. 2015

La petite soeur du chaperon rouge / Didier Lévy et Clotilde Perrin. Milan, 2015.

Qu'on se le dise, le Petit Chaperon nous snobe depuis qu'elle a défié un loup et que sa célébrité  internationale est grandissante ; elle a pris un peu la grosse tête (sa mère et sa grand-mère aussi d'ailleurs !).
Alors qu'elle traverse la forêt, dans sa belle combinaison rouge moulante, à cheval sur sa moto, on fait connaissance avec sa petite sœur, Carlotta. Cette adorable sauvageonne, un petit peu casse-cou sympathise avec un vieux loup, très édenté qui ne fait plus peur du tout, et qui présente à Carlotta tous ses amis de la forêt. Il y a là quelques nains, Blanche Neige, Boucle d'or, 3 petits cochons, une licorne... et même Raiponce.
Oui, mais le jour où les oreilles curieuses de Carlotta découvrent les manigances de sa sœur qui veut raser la forêt pour construire un immense parc d'attractions, la colère monte et Carlotta est bien décidée à ne pas se laisser faire !

Un album grand format qui mérite bien cette taille ! De quoi apprécier les illustrations fourmillantes de détails  et les couleurs dans des tons brun-rouge-orangé. On adore se perdre dans cette forêt des merveilles qui rend hommage aux contes de l'enfance ; même Monsieur Perrault lui-même n'est pas bien loin !
On se laisse porter aussi par le ton virevoltant de l'histoire et par son côté fable écologique.
Bref, on ne s'en lasse pas !

6 sept. 2015

Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre / Ruta Sepetys. Gallimard, 2011

La seconde guerre mondiale et ses immondicités, une nouvelle fois.
La déportation en Sibérie de milliers de lituaniens, victimes d’un pacte entre l’Allemagne et la Russie.

Dans un terrible huis clos, entre entassement dans des wagons, survie dans des camps, hurlements, morts, famine, survie, …on suit l’itinéraire de Lina et sa famille arrachés sans explication à leur confortable vie.
Rien n’est épargné ni la douleur, ni la souffrance, ni les conditions glaciales du pôle nord , ni la pénibilité des travaux obligatoires, ni le sadisme des officiers russes, ni la rage de la résistance.
Un récit qui nous happe et nous bouleverse, tellement ce pan de l’histoire, aussi affreux que la déportation des juifs, n’est que peu connu. S’il s’agit d’une pure fiction, elle n’est malheureusement pas bien loin de l’exacte réalité, l’auteur s’appuyant sur  un épisode de l’histoire de sa propre famille.
De la haine, de l’incompréhension mais aussi de l’amour, de la solidarité, ce récit est empreint de tant de bouleversements émotionnels, qu’il ne peut laisser indifférent.

Voilà là le combat et l’espoir d’êtres humains déshumanisés, qui cherchent au plus profond d’eux à sauvegarder leur conviction coûte que coûte : magnifique !
Retrouvez l'avis de mes copinautes Nathan et Bouma

3 sept. 2015

Vers le bleu / Sabrina Bensalah. Sarbacane, 2014

C'est une touchante histoire de famille. L'histoire d'une mère irresponsable et de deux sœurs abandonnées trop jeunes à une vie trop étroite et trop miteuse.
Rapidement, on déteste la mère ; et aussi rapidement on s'attache aux deux héroïnes.
Pour Nel, la plus âgée, le quotidien est rythmé par les responsabilités, les galères, la nécessité d'être raisonnable alors que sa petite sœur Noush pétille de naïveté, de rêves et d'impertinence.
Autour d'elles gravitent Emilien et sa mère, quelques jeunes engagés, un artiste responsable d'une galerie d'art et aussi des joueurs de tiercé qui ont toute leur importance ! Tous, de près ou de loin, apportent une pointe de solidarité et d'humanité à la misère quotidienne et affective des deux sœurs.
 
Bref, un roman ancré dans la réalité, terriblement vivant et lumineux où l'humour est une réponse aux difficultés.
Tant d'émotions se dégagent de cette lecture que l'on en oubli certains dénouements faciles, et que l'on n'en retient que cette belle leçon d'amour, de courage et d'espoir.


Retrouver l'avis de Nathan 

1 sept. 2015

Juste une étincelle / Thomas Scotto. Nathan, 2015

Titouan en a marre.
Marre de passer inaperçu, d'être noyé dans la masse, de ne pas exister aux yeux de son amie Octavie, d'être insignifiant dans la cour du collège, d'avoir une famille ordinaire... Bref,  il souffre, selon lui, de "Banalité Aigüe".
Lui ce qu'il voudrait, c'est changer son quotidien, vivre des évènements exceptionnels et surprendre son entourage.
Alors, pour son année de 5° c'est décidé, il va se faire remarquer  ! Les profs, les copains, les parents vont entendre parler de lui !
Mais a vouloir trop en faire, Titouan ne va-t-il pas finir par se perdre ?
 
Un roman de la collection "Mes années collège" qui conviendra, à mon avis, parfaitement au public visé. S'il est question de reconnaissance et de besoin d'exister, il est aussi question d'amitié, de rendez-vous sous un arbre et d'un  bain de minuit impudique.
En toute simplicité, mais avec des mots justes et une certaine sensibilité, Thomas Scotto, évoque les tracas de l'adolescence sans trop alourdir le sujet. 
 
Une histoire qui, sans aucun doute, trouvera sa place.