30 avr. 2015

Les autres : mode d'emploi / Sylvie Baussier. Oskar, 2014

Arno n’est pas comme les autres. Il est différent, c’est tout.
Ce n’est pas un problème de capacité intellectuelle,  au contraire ! Arno est même plutôt doué en maths et en anglais et il s’y connait mieux que quiconque en ornithologie ! Mais pour faire ses lacets tout seul, ça c’est compliqué ! Tout aussi compliqué que de se retrouver  au milieu d’une foule bruyante ou bien ne pas prendre les discours des autres  au premier degré.
Alors le jour où il doit faire son entrée au collège, pour Arno, comme pour sa mère, la matinée est un peu angoissée. Il se rend vite compte que sa différence et sa logique ne correspondent pas aux codes habituels.
Sylvie Baussier nous plonge directement dans la tête d’Arno, jeune autiste, atteint du syndrome d’Asperger. Rapidement, on se prend d’affection pour ce petit bonhomme aussi singulier que déroutant.
Parce que lui ne triche pas, parce qu’il ne peut pas interpréter ce qui n’est pas clairement énoncé, il nous fait alors nous poser la question de la perception de la différence et de son appropriation.
Un texte court mais habilement touchant.

28 avr. 2015

Lettre de mon hélicoptêtre / Clémentine Beauvais. Sarbacane, 2015

 

Tout commence par une lettre sciemment posée sur l’oreiller, une lettre rédigée par la main d’une petite fille espiègle et bien décidée à faire le tour de la planète sur son vélo. Un vélo un peu particulier ;  monté à l’envers  pour l’occasion, et transformé en hélicoptêtre prêt à  s’envoler dans les airs.
De chaque pays traversé elle envoie des nouvelles à ses parents, des lettres rédigées de manière joliment impertinente ;  mais toutes en vers s’il vous plait !
C’est qu’elle en fait des kilomètres ! De l’Angleterre, à la Chine , en passant par l’Espagne et l’Amérique, elle traverse des océans à bord de son drôle d’engin volant. Le coup de pédale est d’ailleurs de plus en plus compliqué et forcé, par le poids de tous les souvenirs rapportés !
Whaouh, quel chouet album !  Le rythme est vif et survitaminé, les codes  de la rédaction de correspondance respecté, les illustrations sont drôles, colorées et complétement adaptées.
A la lecture de cet album, il sonne comme une envie de liberté,.
...Juste laisser l’imagination vagabonder... 
Savoureux ! 

26 avr. 2015

Cornichon Jim / Benjamin Desmares. Le rouergue, 2015.

Parce qu'il s'est inventé une identité de détective privé, Victor, 10 ans, est sollicité pour découvrir ce que cache Mme Vigo, la directrice de son école.
Au départ, de multiples situations et personnages se succèdent et nous font perdre un peu le fil de l'histoire. Il y a le grand-père atteint d'Alzeihmer, un carnet secret qui disparait, le Conteur qui intervient dans la classe, les paris autour des parties de billes, la disparition d'un collier de nouilles ... mais finalement, le puzzle se construit et les pièces se rassemblent petit à petit.
Si je pensais avoir entre les mains une enquête gentille et classique, je me suis finalement laissée embarquer dans une intrigue à tiroir,  parfois dense mais souvent drôle.
Un livre pas si simple qu'il n'y parait pour ce redoutable détective privé !
 

23 avr. 2015

Pas couché / Cathy Ytak. Actes Sud, 2014

Comme elle va vite la rumeur...
Comme ils font mal ces mots...
Et pourquoi ce ne serait pas possible l'amitié entre une fille et un garçon ?
Pourquoi ça délit les langues de vipères ?
Voilà, c'est comme ça entre Timothée et Manon ;  ils sont toujours ensemble, partage la même passion mais non, ils n'ont pas couché ensemble. 
D'ailleurs Timothée a une petite amie qui comprend très bien leur relation, "y'a pas de lézard".
Et pourtant une nuit d'hiver, le doute s'installe... L'incertitude, les malentendus,  le désir confus ... Rien n'est plus comme avant...
 
Cathy Ytak nous offre ici une jolie réflexion sur l'amitié au travers de la voix de Manon.
Une amitié fille/garçon fondée sur des certitudes ; une amitié chahutée par l'intimité.
Si dans le regard des autres cette relation n'est pas si simple, Manon réalise à ses dépens que cela peut parfois être compliqué.
Un roman pertinent, réaliste et bien mené par une plume juste et subtile.
 
(Aaah comme j'aime les romans de la collection D'une seule voix !)

21 avr. 2015

Petit-arbre veut grandir / Nancy Guilbert, Coralie Saudo. Circonflexe, 2015

Quelle place dans la forêt pour un petit arbre tout juste sorti de terre ? Maussade, il se sent bien rikiki et inutile entouré par les grands chênes.
Mais au fil des saisons, Petit-arbre profite, s'épaissit, s'allonge, ... et prend confiance en lui. Les oiseaux virevoltent autour de lui, les hérissons s'amusent à ses pieds, les écureuils se réfugient dans son tronc...et à la nouvelle saison  revenue, petit-arbre aura trouvé sa place au cœur de la forêt immense.
En soi, l'histoire est classique mais  ici elle est racontée tout en vers et joliment illustrée par les crayons de Coralie Saudo.
J'aime les deux petits oiseaux bleus et rieurs ; j'aime les motifs sur les feuilles éparpillées ; j'aime les changements de décor qui s'opèrent au fil des saisons sans que rien ne vienne surcharger le décor ; j'aime les illustrations à la fois simples et très détaillées.
Un album cohérent qui s'adresse tout en douceur aux tout-petits pour leur apprendre la confiance en soi.

19 avr. 2015

Les contaminés / Yves-Marie Clément. Scrinéo, 2014

 
Séduits par l'idée de participer à un jeu de télé-réalité, Trésor, Abasse, Bambou et Laalia débarquent sans rien en poche sur Isla Grande. Une île en apparence déserte, mais en réalité occupée par des morts-vivants.
Le rêve tourne vite au cauchemar.
L'émission de télé réalité devient rapidement un prétexte à l'histoire, alors que les 4 ados tentent juste de trouver une solution pour survivre.
Longtemps, on attend la confrontation inévitable entre eux et les maîtres du jeu. L'ambiance terrifiante monte crescendo : Bambou est blessée, la nourriture manque, la météo est menaçante, l'entente est parfois sous tension, les courses poursuites avec les morts-vivants s'enchaînent, les rebondissements se multiplient...
En parallèle, nous suivons l'avancée de l'enquête sur le continent, en pleine favela brésilienne où règne la mafia et la corruption. De quoi donner de la véracité à cette improbable histoire.
Un roman très abouti où se mêlent l'horreur, l'aventure et le thriller. Très vite, les chapitres courts, le rythme soutenu, l'enchaînement des actions, ... nous plongent dans un univers dont on a du mal à se défaire.
Le dénouement est peut-être traité avec un peu de rapidité, mais le dernier chapitre laisse une porte ouverte pour une suite probable ...
Bref, habituellement les zombies, ce n'est pas trop mon genre de lecture ... et bien pourtant, je ne regrette pas d'avoir découvert ce livre qui se lit comme une succession de séquences filmées.

 

16 avr. 2015

L'été de mes nuits blanches / Pauline Penot. Thierry Magnier, 2015

Les nuits de Gaël sont hantées par "un gnome". Celui qui de sa petite voix l'empêche de ne pas pleurnicher sur son sort... Tellement bien qu'il en perd le sommeil.
Bref, Gaël est un ado qui n'a envie de rien, qui se complait dans son mal-être et ses tourments entre parents absents, grande-sœur brillante et bande de copains inexistante.
La perspective de passer l'été chez son père et sa belle-mère pour gagner les 4 sous qui lui permettront de s'acheter le scooter de ses rêves lui parait alors insurmontable ! Finalement, c'est en trainant des pieds qu'il accepte d'assurer un petit job au château de Blois. Et contre tout attente, son été va  s'avérer plus prometteur qu'il ne le pensait.
Entouré de saisonniers accueillants, d'une belle-mère insomniaque et à l'écoute, il va  découvrir la vie en province et s'épanouir culturellement et personnellement.
Le scénario imaginé par Pauline Penot fonctionne plutôt bien. C'est avec un humour toujours discret que son aventure nous amuse, que cet ado nonchalant et "accablé" se transforme en un jeune homme optimiste et bien dans sa peau.
Vraiment, une lecture très sympathique parsemée de références historiques et littéraires, juste ce qu'il faut !


Retrouvez l'avis de ma copinaute Pepita


14 avr. 2015

Didgeridoo / Frédéric Marais. Les fourmis rouges, 2014


Le travail de Frédéric Marais est toujours remarquable. Il a cette faculté, avec une infime palette de couleurs, de retranscrire une ambiance, une intensité, une lumière... et c'est avec dextérité qu'il nous transporte ici aux origines du monde.
La technique graphique se suffit à elle-même. Des traits, des lignes, des pointillés, ... nous sommes au cœur de la culture aborigène, celle dont la profondeur bat au cœur de l'immensité de la Nature sauvage.
Au plaisir des yeux, s'ajoute la qualité du texte. Concis et poétique, il nous raconte la légende fondatrice d'un peuple et d'une musique.
En quelques pages tournées, nous plongeons au cœur d'un conte intense en suivant le courage et la volonté du premier enfant sur terre, celui qui grâce à sa sérénité et sa sagesse réussit à faire briller de étoiles dans nos yeux. 
Un album puissant et artistique : magnifique !

12 avr. 2015

Micro-girl : la mystérieuse boule orange / Claire Mazard. Oskar, 2014


Ambiance usine à bonbons et ado solitaire rejeté par ses camarades.
Oui, ca peut tenir la route ... et ca nous évoque forcément un grand classique.
Alors voilà, le jour où Maxime découvre une micro-humaine dans une boule de gomme, une drôle d'amitié commence.  Sinoé, cachée dans les grandes oreilles de Maxime, devient alors la voix de sa conscience en le poussant à s'ouvrir aux autres.
Un roman mielleux où tout est "bien qui finit bien" sur lequel j'ai du mal à donner mon avis. Autant je trouve l'idée originale et amusante, autant je trouve le contenu plat et idéaliste. Une accumulation de valeurs positives et de bons dénouements où il m'a manqué des rebondissements et des situations inattendues
Faut-il lire le tome 2  pour que cette série gagne en profondeur ? Pour que l'on s'attache aux personnages ? Pour que le suspense prenne sa place ?
 
Lecture mitigée donc.

9 avr. 2015

Un courant d'air / Laurie Cohen. Alice éditions, 2014

En très peu de pages, Laurie Cohen nous plonge dans l'univers des sans-abris. Plus précisément, dans l'univers d'une jeune femme dont on ne connait pas le prénom et dont on ne sait presque rien. Son passé, on le  devine au travers de paragraphes écrits en italique ponctuant le récit comme des flashbacks. Entre amour et violence, on se doute que c'est lui qui a provoqué sa descente dans la rue.
 
Au quotidien, elle galère. Sa vie est rythmée par le froid, la solitude, l'indifférence, la lutte et la quête d'un minimum de dignité. L'alcool aide à supporter la rudesse des journées et la présence  d'une amie SDF apaise les peurs.
Le style de l'auteur nous percute. Les phrases brèves et les chapitres courts se succèdent et nous emportent dans la rudesse et la difficulté de ce quotidien où la survie est une question de réalité.
Que dire de la fin ?
Brutale, elle nous assomme. L'ombre menaçante du passé ressurgit de plein fouet mais c'est ELLE, qui pour cette ultime fois, aura le dernier mot.
Si l'on en doutait encore, ce roman percutant, noir et tragique nous confirme bien que ce n'est jamais par choix que l'on finit dans la rue.
Un roman qui sonne juste.

7 avr. 2015

Lettres à mon cher petit frère qui n'est pas encore né / Frédéric Kessler et Alain Pilon. Grasset, 2015.

C'est étonnant cette illustration rétro qui nous saisit dés la couverture !  Mais une fois la surprise passée et la curiosité attisée, on se laisse embarquer dans cette correspondance polie, amusante et touchante entre un aîné et son petit frère pas encore né.
L'un est agacé, plein d'animosité, et l'autre a peur de l'inconnu mais est déjà plein d'admiration pour son grand frère. Ils s'interrogent, se jaugent, puis petit à petit font connaissance,  se comprennent, s'adoucissent, se rassurent et finalement s'acceptent. La complicité s'installe déjà entre eux,  alors que la naissance n'a pas eu lieu.
C'est drôle cette idée de relation épistolaire, mais c'est émouvant aussi. Le sourire nous effleure mais on se laisse aussi bercer par la tendresse et l'émotion.
Un album  finalement séduisant, plein de fantaisie et de poésie.

5 avr. 2015

L'héritage du clan Morgan / Justine Jotham. Oskar editions, 2014

C'est en interceptant un coup de fil entre sa grand-mère et le commissaire de police que Béa découvre la vérité sur ses parents décédés dans un acccident de voiture alors qu'elle était tout bébé.
En prime, elle découvre un manuscrit inachevé dont ils étaient les auteurs et qui est sujet à de nombreuses convoitises éditoriales.
Ado intrépide, Béa, aidée de son amie Tess relève le défi de finir l'écriture du manuscrit et d'éclaircir tout mystère.
L'intrigue est assez alléchante, les personnages sont là, les éléments s'enchainent mais malheureusement le fond de l'histoire  n'est pas assez ambitieux. On voit tout arriver à l'avance, il y a peu de rebondissement et les dénouements sont faciles.
Quel dommage, ce n'est pas réellement le roman policier auquel on pouvait s'attendre !

Retrouvez l'avis de ma copinaute Pépita

2 avr. 2015

La soupe américaine / Anaïs Sautier. EDL, 2014

Alors qu'elle s'apprête comme chaque année à partir fêter la Pentecôte chez ses grands-parents, nous découvrons la famille de Mona : sa petite sœur Crapule, son grand frère Johnny qu'elle idolâtre sans commune mesure, son père, psychologue, qui a bien du mal à trouver sa place et sa mère, taciturne, qui enchaine cigarettes sur cigarettes.
Mais ce WE ne ressemble en aucun autre WE de Pentecôte. Papou, d'habitude si joyeux et loquace, fuit. Mamou doit être ménagée car elle a des problèmes cardiaques.
Mona le sent bien ; il se passe quelque chose.
Un coup de téléphone de la famille grecque de papou va faire alors éclater la vérité et débloquer la situation.
Après des débuts touchants où l'on découvre la maladie, une famille unie, des secrets qui se dévoilent et des personnages tous aussi attachants les uns que les autres, le roman change radicalement de cap et s'oriente vers l'histoire de la Grèce lors de la seconde guerre mondiale ; histoire intimement liée au passé du grand-père.
Un roman assez inclassable en fait,  où beaucoup de sujets sont  évoqués ( peut-être trop ?) et sur lequel j'ai du mal à me faire un avis. J'ai perdu en cours de lecture le fil rouge qu'à voulu suivre l'auteur et finalement, je trouve qu'aucun des thèmes abordés n'est réellement approfondi.
Perplexe..